Pourquoi je fais de l'escrime médiévale.

Il y a maintenant plus d’une décennie, je faisais part à Gabriel Mailhot que je voulais tout apprendre de cet art qu’il avait bâti et que je voulais devenir performant dans celui-ci. Il m’a alors posé la question que je vais ici paraphraser: “Qu’est-ce que tu cherches dans l’escrime, et qu’est-ce que sa maîtrise t’apportera dans cette recherche?”
Cette réponse n’est plus complètement la même qu’au départ, et évoluera sans doute encore au fil des ans.
Une chose que j’ai apprise de l’escrime ancienne selon la méthode que Gabriel avait développée avec la Scrimicie, c’était sa nature holistique.
Gabriel ne me proposait pas juste l’accès à accomplir ce fantasme gamin que j’avais de “devenir un vrai guerrier” en apprenant à me battre à l’épée (un art bien moins utile en termes martiaux que bien d’autres éléments que nos vétérans et combattants actuels peuvent employer sur les champs de bataille).
C’était l’idéal que je cherchais.
Cette maîtrise de moi. Cette capacité de dominer dans un sport alors que je n’avais jamais été sportif. Cette preuve que j’avais toujours échoué dans d’autres sports non pas car je n’étais pas bon, mais car ce n’étaient pas les bons.
Mais l’approche holistique fut l’élément qui me rendit loyal à la Scrimicie au point d’en faire la pierre angulaire de ma vie, de mes projets, de mes relations et de mes rêves les plus fous.
On dit souvent que les arts martiaux offrent plus que juste des compétences de combat, que c’est une philosophie, un mode de vie, etc.
La Scrimicie m’apporta cela plus certainement que toute conviction ou phrases prédéfinies d’un credo de tae-kwon-do ou de Kung-Fu. Pourquoi?
Car sa nature favorisant la compréhension de la stratégie, de la tactique, des réactions, de la planification, de la prise de décision, de la gestion de la pression, tous ces éléments devinrent pour moi des fondations pour tout le reste.
Ma capacité de diriger dans mon milieu professionnel de l’époque s’affûta grâce à ma compréhension du fait de subir les pressions plutôt que d’être dans l’action et d’agir en suivant une planification.
Ma compréhension du leadership se bâtit aussi sur le fait qu’un plan fonctionne s’il est prémédité et actionné par une volonté précise, mais que si tous les acteurs devant faire le plan ne comprennent pas ce dernier, hésitent, en doutent ou autre, le plan part dans tous les sens et l’initiative est perdue.
Cela m’a amené à me questionner sur comment mieux diriger, comment mieux faire comprendre mes idées pour qu’elles soient non seulement mieux servies, mais aussi et souvent, remises en question adéquatement pour que mes objectifs soient atteints et non pas la valorisation de mon égo.
La nature si évidente de ces concepts de plan et de prise de décision m’ont aussi permis de prendre davantage contrôle des éléments les plus fondamentaux de ma vie. Généralement, un échec n’est pas compliqué à diagnostiquer et à corriger. De mauvaises habitudes peuvent se faire écarter en comprenant l’objectif de cette habitude et les tactiques pour l’atteindre, et je peux dès lors les remplacer.
Aujourd’hui, pourquoi je fais de l’escrime?
Premièrement, car c’est le sport qui répond le mieux dans sa complexité et ses possibilités à ma vision de me tenir en forme en m’amusant.
Deuxièmement, car plus je le maîtrise, plus je réalise tout ce qu’il y a encore à faire. Que ce soit pour moi d’apprendre ou de renforcer, ou bien et surtout, de transmettre et de structurer.
Finalement, car je vois tout ce que ce sport, et sa compréhension m’apportent, et comment ce serait possible de le développer d’une manière que ses apprentissages tacites, et pas juste ceux du maniement de l’épée, puissent permettre à de nombreuses générations de combattants de devenir des êtres humains accomplis!