Être en position pour passer du contrôle à l’attaque

Dans mon précédent article, je parlais de l’idée qu’une fois que l’adversaire a répondu à notre manœuvre initiale, nous devions contourner sa réponse pour frapper dans l’ouverture créée.

Pour contourner une telle réponse, il y a différents éléments, lesquels, non exclusivement, je définirai comme suit:

  1. Notre arme est assez haute pour avoir un avantage de levier sur celle de l’adversaire
  2. Nous avons pu nous déplacer dans la portée requise pour suivre avec la prochaine action
  3. Nous nous sommes engagés le moins possible pour faire réagir l’adversaire afin de minimiser le chemin à parcourir.

Le premier point s’applique dans l’idée que bien que notre adversaire puisse s’être effondré dès la menace initiale, si mon arme est trop basse, j’aurai de la difficulté à aller chercher une pression sur ce dernier pour contrôler son épée, ou bien j’aurai sacrifié trop de portée pour atteindre ma prochaine cible. 

Ceci peut se voir comme le coup dans les mains contre la garde en fusil, ou si notre épée est trop basse, nous ne serons pas en mesure de nous rendre nulle part d’autre ensuite, versus si le coup est horizontal et qu’on peut encore remonter notre pointe vers le visage après la réaction, par exemple.

Ceci peut aussi se voir comme une taille vers la tête faite directement mais avec les mains basses. Elle est facile à parer pour l’adversaire et nous rend incapable de repasser par-dessus la garde de l’opposant, nous forçant soit à remonter nos mains ou elles auraient du être, ou faire un contournement grossier sous l’arme de l’adversaire.

De nombreux autres exemples existent à cet effet, mais nous en parlons souvent dans les cours.

Le second point, c’est que même si l’adversaire répond à notre action initiale, si nous n’avons pas la portée d’agir sur aucune cible qui est ainsi exposée, nous avons perdu notre occasion. Généralement, ceci doit se faire avec une préparation au déplacement. D’ou l’intérêt d’abord d’initier à la limite de la portée, c’est que l’adversaire qui va réagir défensivement va vous donner la place d’avancer, et généralement, vous pourrez avancer plus qu’il ne sera en mesure de reculer (ou plus qu’il ne réalisera qu’il le devrait).

Ce faisant, vous pouvez poursuivre dans la réaction de l’adversaire pour enchaîner le mouvement suivant sur une cible, et vous retirer (ou entrer en distance de contrôle pour saisir l’arme) lorsque l’adversaire réagit à ce qu’il se passe.

Finalement, le troisième point, lequel est souvent travaillé dans nos cours sur les différentes feintes, est que votre arme doit avoir été menaçante, et il n’y a rien de plus menaçant qu’un vrai coup car si on ne le gère pas, on sera touché. Par contre, si je fais une feinte mais que je suis tellement rendu hors du centre par la parade de mon adversaire, que je dois réarmer mon épée au complet avant de changer ma trajectoire, j’ai perdu le tempo que je cherchais à créer.


De même, si je fais une prise de fer mais que j’écarte l’épée de mon adversaire tellement loin que moi-même je dois parcourir un chemin énorme pour revenir vers lui, je donne des chances à mon opposant de ramener ses mains (et donc ses quillons et son fort) devant son visage pour parer à temps.

Ce dernier élément est le plus complexe, car le niveau d’investissement requis pour faire réagir l’adversaire dépend autant de notre crédibilité que de sa compétence. C’est pourquoi c’est intéressant de parler des micro-menaces comme tremplin à ces actions, pour voir jusqu’où on doit se commettre dans notre action initiale, voir si on a besoin de se commettre en général!