La menace en duel - Ce que tu ne prends pas, tu le perds.
Le titre semble un peu égoiste mais ne vous en faites pas, on parle ici de stratégie en duel et non de votre attitude face à votre prochain!
En entraînement et en “sparring”, je dis toujours aux combattants que dans le doute, ils peuvent focaliser sur leur défense. Avoir une meilleure parade, un plus grand calme sous les coups et une meilleure perspective sous le danger est toujours un gain puisque vous pouvez toujours investir en vous, mais tout investissement que vous ferez dans votre gestion de l’adversaire sera toujours soumis à la nature de ce dernier.
Par contre, une fois qu’on sort de la pratique et qu’on parle de performer en combat, il est important de savoir que la défense seule ne peut pas garantir votre sécurité. Se cantonner à parer des attaques implique qu’une parade sera en retard ou un coup mal interprété et qu’on sera touché éventuellement.
Pour que la défense soit bonne, il faut donc RÉDUIRE la capacité d’attaquer de l’adversaire.
Cela veut dire que l’adversaire doit craindre d’être touché à chaque fois qu’il s’approche de vous.
Il doit craindre d’être touché chaque fois qu’il attaque. Il doit craindre de subir une riposte chaque fois qu’il est paré.
Il y a des trucs efficaces pour cela, qui peuvent faire référence à mon article sur se battre sécuritairement, qui sont des généralités qu’on pourrait approfondir chacunes avec un article à part entière, mais les voilà dans les grandes lignes:
Frapper dans les mains lorsque l’adversaire avance: Depuis votre garde à longue portée, votre pointe est déjà prête et un mouvement sec vous permettra de venir toucher la main de l’adversaire. Vous devez le faire en vous engageant le moins possible, quitte à reculer pendant ce temps, lorsque l’adversaire avance. Cela le découragera de vous prendre d’assaut, ou pourra le rendre imprudent, voulant frapper le plus vite possible, faisant souvent de son assaut une attaque à une seule intention…on en parle plus loin!
Avancer à la limite de la portée et attaquer les mains de l’adversaire lorsqu’il recule ou fait du sur place: De la même façon que précédemment, si l’adversaire n’engage pas tout de suite, vous pouvez mettre de la pression sur ses mains et le forcer à paniquer ou reculer pour les préserver.
Les coups dans les mains sont souvent vu comme des “cheap shot”, mais la réalité, c’est que les mains sont souvent la cible la plus accessible, et attaquer les mains contrôle l’épée du défenseur plus certainement que n’importe quelle autre menace. Si on joue contre les mains, on divise la concentration de l’adversaire entre ses mains et le reste de son corps, ce qui affaiblit son efficacité face à toute attaque ultérieure.
Riposter après une attaque à simple intention: Plusieurs combattants frappent une seule fois plutôt que d’avoir des enchaînements complexes. Lorsque vous avez paré cette attaque, prenez l’habitude de riposter en retour. Sans vous rendre au point de poursuivre et vous exposer contre un adversaire en retraite (ce sera à vous de juger), le fait qu’il comprenne qu’un coup attend ses tentatives peut le décourager d’attaquer de crainte d’être attaqué en retour. Bien entendu, cela peut aussi être perçu par un adversaire compétent et il pourrait attaquer pour attirer la riposte et agir contre celle-ci. Soyez donc aussi sûr que possible que votre riposte systématique soit efficace!
Prendre un contrôle du fer contre un adversaire qui ne joue pas contre les mains: Beaucoup de combattants ne s’accordent pas les coups dans les mains ou n’en voient pas les opportunités. Cela veut dire que vous pouvez prendre un contrôle du fer et rester à la limite de la portée. Cela met pression à l’adversaire car il est sous votre contrôle et ce que vous voulez, c’est lui couper l’avant-bras ou la main dès qu’il tente de s’en dégager. Si c’est pour attaquer, frapper en reculant lorsqu’il se dégage. Cela le rendra moins confiant à portée de combat car il sait que vous prendrez le contrôle, et lorsqu’il tentera de le reprendre il sera en danger, limitant sa possibilité d’attaquer.
Bien maîtriser le principe du ressac: On en parle souvent dans nos cours, mais apprendre à identifier ce moment ou l’adversaire recule après avoir fait sa tentative, est un moment ou généralement son arme, son corps, sa biomécanique en général, recule et donc n’est plus une menace. Ce moment est un moment crucial ou riposter. Ce concept permet donc de rendre l’attaquant craintif même lors d’assauts complexes, car vous savez quand riposter à un moment ou l’adversaire a beaucoup moins tendance à attaquer.
En conclusion, vous ne pouvez pas laisser votre adversaire briser la fureur de son assaut sur le mur de votre défense. Vous devez le dissuader d’attaquer. Selon moi, les menaces dans les mains sont la meilleure manière de le gérer car les mains n’ont pas le choix de s’approcher lors de l’assaut. Si l’adversaire craint d’être touché, il va être moins prompt à attaquer!
S’il ne craint pas d’attaquer, la pression sera trop grande sur votre défense et vous ferez à un moment ou un autre une erreur!
Comment pratiquer cela? Encore une fois, c’est une belle occasion de pratiquer un combat défensif, tout en traçant une ligne imaginaire ou vous vous dites: dès qu’il se produit ça, j’agis comme ça.
Ainsi, vous pouvez tracer la ligne, agir, et autrement être défensif. Ça simplifie votre jeu, ça complexifie l’assaut de l’adversaire.Après, comme dans l’article l’importance d’essayer, déterminez un des types de menace indiquées ci-haut, et appliquez-le pour faire des tests dans vos sparrings et duels. Vous en allez perdre plusieurs le temps que vous peaufinez la technique, mais vous comprendrez beaucoup mieux comment cela fonctionne et comment ajouter ces cordes à votre arc!