Voir l'invisible.

Chers étudiants de la scrimicie,
Quand vous avez commencé à pratiquer la scrimicie, vous aviez peut-être un objectif en tête. Peut-être vouliez-vous devenir le meilleur, gagner des compétitions, ou simplement maîtriser une technique qui vous fascinait. Mais aujourd’hui, je veux vous parler de quelque chose de plus grand, de plus profond, que vous découvrirez peut-être au fil des années : le moment où vous commencez à voir l’invisible.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Après des heures, des mois, voire des années à manier l’épée, à perfectionner vos mouvements et à affronter vos adversaires, quelque chose change. Ce n’est pas juste votre technique qui s’améliore. C’est votre regard sur l’art, sur vous-même, sur la vie. Vous commencez à percevoir des vérités qui semblaient cachées, comme si le chaos de l’entraînement laissait place à des éclairs de clarté.
Ces vérités ne sont pas des techniques ou des stratégies pour battre un adversaire. Ce sont des prises de conscience sur qui vous êtes, sur vos forces, vos faiblesses, votre ego. Vous réalisez que votre plus grand adversaire, ce n’est pas l’autre escrimeur sur la piste, mais vous-même. Votre orgueil, vos doutes, votre impatience. Et en affrontant cet adversaire intérieur avec humilité, vous grandissez.
C’est là que commence la véritable maîtrise de la scrimicie. Pas dans l’idée d’être “le meilleur” – parce que, soyons honnêtes, il y aura toujours quelqu’un, quelque part, qui pourrait vous surpasser. Non, la maîtrise, c’est comprendre que la scrimicie n’est pas là pour vous servir. C’est vous qui êtes au service de l’art. Et en vous mettant à son service, vous découvrez une richesse bien plus précieuse qu’une victoire : la connaissance.
Cette connaissance transcende le temps. Une médaille s’use, un titre s’oublie, mais ce que vous apprenez sur vous-même et sur l’art reste avec vous pour toujours. C’est un trésor qui vous accompagne bien au-delà des duels, dans chaque défi de votre vie.
Alors, à vous, étudiants de la scrimicie, peu importe où vous en êtes dans votre parcours : continuez. Continuez à pratiquer avec cœur, avec curiosité, avec humilité. Chaque geste, chaque coup d’épée, chaque défaite, chaque moment de doute est une étape vers ce moment où vous commencerez à voir l’invisible. Ce n’est pas une course, c’est un voyage. Et ce voyage, c’est la plus belle aventure que la scrimicie puisse vous offrir.
Vivez les duels, et laissez l’art vous guider.
Gabriel Mailhot