Loins à l’attaque, proches à la défense.
Un sujet quand même léger cette semaine, c’est la distance des bras avec soi-même.
En combat, on parle très souvent de distances par rapport à l’adversaire, mais peu souvent de distances personnelles, c’est-à-dire entre nos actions et notre propre corps.
Cet article abordera donc le pourquoi du comment d’un concept, qui est d’avoir les bras loins de soi lors de l’attaque, et proches lors de la défense.
Bien entendu, ce sont des généralités, il y a plusieurs exceptions notables qui pourraient ressortir en contre-exemples de ces points, mais l’objectif est une piste de réflexion et un focus que vous pouvez prendre dans vos combats de façon à obtenir un gain rapide en pratique plutôt que d’explorer longuement chaque cas de figure un à un.
Loins en attaques:
Une chose qu’on voit souvent, surtout chez les moins expérimentés, c’est des combattants qui portent des coups sans déplier les bras. Déjà, les parties du corps les plus rapides dans l’action sont au niveau de la main, donc il est logique que la main et les doigts fassent le gros de l’action, mais la partie la plus rapide qui suit est le coude, puis l’épaule.
Lorsqu’un combattant n’avance pas l’entièreté de son bras, mais va plutôt approcher ses jambes, il tente d’aller chercher de la distance dans son attaque en bougeant une partie plus lente, ce qui rapproche son corps de l’action (et donc des cibles vitales), en plus de faire de son action une qui est plus lente que requise pour plus d’exposition.
En second point, la trajectoire ainsi traversée par l’attaque permet de venir accéder et contourner différents points d’appuis de la défense de l’adversaire. En effet, si mes bras demeurent proches de moi, c’est ma lame et l’angle de celle-ci seule qui doit contourner la garde de l’adversaire. Si mes mains sont proches de l’épée de l’adversaire, elles m’offrent un rapport supérieur de levier de fort contre faible de l’arme de l’adversaire, et me permet de contourner avec la pointe pour toucher, plutôt que de perdre une partie de l’élan dans l’arme de l’adversaire.
Proches en défense:
Avant d’aller purement sur la défense, je vais aller vers les attaques à courte portée. On parle souvent en Scrimicie des coups face à la lame (dont un exemple de parallèle en escrime historique allemande serait le zwerchau) de conserver les mains proche de soit, et au-dessus de la tête ou entre nous et l’arme de l’adversaire.
C’est qu’à cette distance, tout est dangereux, toutes les cibles sont disponibles, et on va donc parler de frapper ainsi pour se couvrir à courte portée en même temps. Defacto, nos attaques seront donc faites défensivement, donc proches du corps.
Inversement, la plupart de nos contre-attaques peuvent être faites les bras tendus puisque ce sont des attaques qui contrent celles de l’adversaire. Ainsi, étant une attaque, on peut tendre les bras tout en se défendant. Mais c’est aussi ce qui rend les contre-attaques parfois dangereuses car une erreur de timing et nous venons de créer un problème…
Lequel est que lorsqu’on est attaqué, on veut que notre défense soit la plus simple, la plus brève et la moins engageante possible. Si je dois lancer mes bras loin de moi pour parer, je parcours en réaction à une attaque un chemin très long.
Comme ce chemin est long, je dois lancer mon épée à la moindre impression que j’aie de recevoir ce coup d’épée pour être sûr d’arriver à temps. Cela veut dire qu’un adversaire compétent peut identifier cela, entamer un faux coup, donc une feinte, et me forcer à mordre pour arriver à temps avec ma défense lointaine.
Inversement, si je pare près de moi, le chemin à parcourir est plus court, donc je peux parer plus tard et être en sécurité à temps quand même, ce qui réduit donc l’espace requis pour l’exécution d’une bonne feinte par mon adversaire.
Plus encore, quand on pare loin, on expose nos bras, et nous réduisons donc la distance qui sépare une cible valide chez nous et notre adversaire. Il peut donc faire mine de frapper quelque part juste pour attirer notre parade pour en fait venir attaquer nos mains ou nos avants-bras. Une attaque qui n’aurait pas dû se rendre se rend tout à coup, et en plus, sur une cible des plus pénibles à défendre.
Finalement, en rapport à ce que j’expliquais avec l’attaque, si je tends les bras dans la défense, je viens offrir plus rapidement et sans menace un accès au faible de ma lame pour le fort de celle de mon attaquant, qui peut donc contrôler mon arme avant de porter un coup avec le faible\la pointe de son épée sans être à risque de se faire parer.
Donc parer loin crée un chemin plus long pour se protéger, expose nos mains, et peut, selon la parade, exposer le faible de notre épée à l’adversaire pour qu’il en prenne le contrôle.
Toutes des choses qu’un bretteur expérimenté saura reconnaître et exploiter dans le futur!
Bon duel!