Lors de son atelier auprès de l’Académie Scrimicie aux Maîtres de la Forêt, Russ Mitchell utilisait souvent l’expression “C’est un tempo” (traduit “It’s a tempo!”) avec beaucoup d’enthousiasme sur la lettre o.
Cela faisait référence au fait que souvent un combattant va se mettre à résister à une pression, plutôt que de reprendre la menace. Ce temps passé à résister à la pression, à ce contrôle comme on l’appelle en Scrimicie, est un temps précieux que le combattant créant la pression peut alors utiliser pour passer à l’assaut.
Bien qu’il y ait des nuances et que certaines pressions doivent être adressées défensivement comme victime de cette menace, et que certaines pressions ne doivent pas être systématiquement exploitées pour pousser l’assaut, il y a quand même un fondement véritable au niveau de l’initiative.
Je dis souvent aux combattants que si une pression que vous faites donne une réaction, c’est un contrôle que vous avez. Votre adversaire, à moins de vous attaquer immédiatement en réponse (pour le meilleur ou pour le pire), se retire, s’effondre ou mord, cela signifie que vous avez choisi ce qu’il allait faire à sa place, et le temps qu’il s’en remette est le temps pour passer à l’attaque.
L’exemple le plus classique que nous avons est celui de la feinte qu’on dit pour atteindre l’avant-bras. On menace la tête d’abord; l’adversaire mord pour parer, du moment que cette morsure est débutée et observable, l’attaquant doit abandonner sa feinte pour changer la trajectoire et porter la frappe sécuritaire, à la limite de la portée, dans l’avant-bras de la cible.
Un autre exemple qu’on enseigne souvent en Scrimicie, c’est l’idée qu’une garde qui descend, ou une parade aux mains contre des coups par dessous l’épée, est une faute grave.
Faisons le tour de pourquoi c’est un gaspillage de tempo atroce que de baisser les mains dans de telles circonstances:
- Premièrement, le plus classique: baisser les mains et notre garde expose davantage le haut du corps.
- On le rappelle, le haut du corps est une cible plus proche de l’adversaire que le bas de notre corps, donc si on descend nos mains là, son chemin le plus rapide vers une cible est quand même d’aller chercher le haut du corps.
- Deuxièmement, la gravité aide à baisser les mains, faisant que ce mouvement sera toujours plus rapide que celui pour tenter de remonter notre garde ensuite.
- Si l’adversaire menace nos mains correctement, il a fait un coup qui ne le plonge pas très bas, et il a donc moins de chemin à faire, en peu de temps, pour revenir dans le haut de votre corps que vous.
- Troisièmement, baisser nos mains réduit notre menace.
- La menace qu’on a avec une garde peut être aisément transformée en un estoc ou une autre forme d’attaque. Pendant que nos mains descendent, les cibles disponibles sont plus limitées et le temps requis pour passer de la menace à l’attaque a été gaspillé en passant des mains hautes aux mains basses.
- Finalement, une bonne gestion de la distance combinée à une bonne menace fait qu’il est généralement plus efficace d’esquiver pour ramener nos mains en garde haute ou bien en garde en pendue, et conserver une position de laquelle on peut frapper, esquivant donc le coup et empêchant l’adversaire d’avoir une touche.
- Inversement, baisser nos mains pour tenter de parer un coup par en-dessous expose encore nos mains à l’attaque, en plus de causer tous les problèmes vus précédemment.
C’est pourquoi baisser nos mains pour parer un coup vers celles-ci est une perte de temps, et en Scrimicie cela est souvent utilisé comme base pour plusieurs attaques ultérieures et le fondement des concepts étudiés dans le niveau 4 – avancé de notre système de progression!
