Ceux qui sont de bons combattants dès le départ.

Ceux qui sont de bons combattants dès le départ.

Comme en Scrimicie, nous laissons des occasions à nos combattants de se battre dès leurs premiers cours, nous pouvons immédiatement constater que certains “l’ont l’affaire” dès le début.

Et alors que l’acquisition de compétences referme le gouffre entre ces débutants talentueux et ces débutants qui le sont moins, il n’est pas rare que ces débutants talentueux deviennent en fait plutôt rapidement parmi les meilleurs pendant que d’autres qui ont là depuis aussi longtemps (des fois même plus) n’y parviennent pas ou se font dépasser constamment.

C’est un aspect qui peut être très décourageant pour certains nouveaux qui ont le sentiment de ne pas être bon, ou de ne pas apprendre aussi bien que l’autre qui fait les mêmes efforts et qui progresse à vitesse grand V.

Ce qui est difficile à évaluer dans cette situation en fait, ce sont les prédispositions de ce nouveau qui arrive et semble déjà talentueux.

On peut parler de génétique et de plein de choses, mais cela serait occulter les véritables prédispositions que j’ai en tête. En effet, il faut comparer des choses qui se comparent, et lorsqu’on se compare comme nouveau à cet élève-là qui progresse vite, qui est déjà bon, et qui semble le devenir exponentiellement, alors que ce n’est pas notre cas, on ne se compare pas adéquatement.

Quand je parle de prédisposition, je reviens à l’idée des habiletés et compétences transférables.

Je parle souvent que ce qu’on apprend en Scrimicie est valide et utile pour la vie en général. Apprendre à garder une tête froide sous pression, se concentrer à faire les actions qui fonctionnent plutôt que de se laisser emporter par l’impulsion du moment, développer une habileté à la tactique et l’analyse qui en est requise, souvent dans des environnements difficiles et chaotiques, sont des habiletés qui une fois acquises, facilite le développement de leur équivalence dans d’autres domaines.

Par exemple, je n’ai jamais été sportif dans ma vie et j’ai dû apprendre éventuellement à me torturer en allant à la musculation et faire du jogging pour me garder en forme. Près de la mi-vingtaine, l’escrime médiévale m’a fait passer du statut de geek inactif à un athlète passionné. 

Mais je partais avec plusieurs faiblesses; ma coordination était horrible. mon conditionnement physique, heureusement développé un peu par ma musculation et mon jogging antérieur, était limité, et mes réflexes limités à ce que j’avais acquis en faisant du jeu de rôle de grandeur nature lors des combats que je vivais.

Cependant, mon intérêt pour la stratégie, la psychologie humaine et la recherche de faiblesses chez les adversaires lors de mêlées générales m’avaient prédisposé à développer voir même appliquer certains concepts dans mes premiers duels. 

Bien sûr, contre quelqu’un qui maîtrisait bien mieux la matière que moi, j’étais vulnérable, mais je pouvais rapidement me reposer sur d’autres aspects.

Donc il se peut que certains d’entre vous arrivez en escrime médiévale en même temps que d’autres, et vous voyez en fait le gouffre qui vous sépare s’élargir plutôt que rétrécir. Du moins…en apparence.

C’est normal, et ça ne sera pas éternellement le cas. Rappelez-vous que si vous n’avez jamais été sportif, si jeune vous avez traîné de la patte en éducation physique, si vous n’avez jamais fait d’arts martiaux, ni pratiqué aucun jeu d’analyse, si vous n’avez jamais été particulièrement discipliné ou habitué à gérer des difficultés sous une pression continue et évolutive, c’est normal que ce soit difficile pour vous et non pour l’autre.

Est-ce que c’est une situation sans retour?

Absolument pas.

En fait, la raison pour laquelle ce gouffre entre vous et l’autre nouveau talentueux semble s’élargir, c’est que pendant que vous êtes occupés à acquérir tous les prérequis que vous ne possédez pas, lui il acquiert presque uniquement de l’escrime. Donc en escrime, il devient meilleur que vous plus vite. Mais dans vos habiletés générales, vous progressez tout autant l’un que l’autre. Ce n’est juste pas encore visible dans le duel.

Un jour, dans votre processus d’escrime, vous allez tomber sur des situations ou vous avez développé des prédispositions positives que vous n’aviez pas encore eu l’occasion d’exploiter faute des compétences martiales prérequises. Et à ce moment, vous allez avoir votre occasion de prendre les devants.

Vous êtes habitués à reculer pour mettre les choses en perspective lorsqu’un conflit éclate? Vous aurez une tendance plus facile à maîtriser les concepts de distance et de repli tactique, et d’analyse de l’adversaire en sécurité.

Vous êtes habitués à lire le non verbal et à avoir une communication saine? Quand vos bases seront bien acquises, vous allez voir qu’il sera beaucoup plus facile pour vous d’identifier les signaux qu’envoie un adversaire sans le savoir avant ses actions, vous rendant meilleurs dans votre tactique.

Ces éléments ne seront juste pas forcément transférables dans vos débuts, et donc vous ne pourrez pas tout de suite les exploiter, versus la personne qui débute avec une bonne coordination, une bonne explosivité, de l’expérience à avoir déjà fait des combats d’épée mousse ou simplement le mental discipliné d’un sportif prêt à répéter des mouvements pour avancer dans un sport.

Mais un jour, ce que vous avez développé qui vous a toujours servi va s’appliquer, et vous allez vous rejoindre et cette énorme différence qui vous séparait va s’évanouir.

Certains aspects prérequis à l’escrime que je n’avais pas m’ont pris 7-8 ans de pratique avant de les acquérir. Donc peu importe à quel point je m’entraînais fort, parfois des dizaines d’heures par semaine, je ne voyais pas de succès dans certains aspects de mes duels et de mon entraînement. Et je ne comprenais pas, j’étais frustré.

Puis un jour, certaines habiletés intérieures, transférables, que je ne possédais pas ont fini par se développer grâce à ces efforts. Et maintenant que je les aies, j’ai passé un cap important.
C’est pourquoi, au passage, vous vivrez des plateaux en escrime (ou dans n’importe quel sujet). Des fois, on arrive à une ligne ou nous ne possédons pas encore les prérequis. Il faut s’entraîner, persévérer, jusqu’à ce qu’on développe le pré-requis.

Et à partir de là, on a un moment Euréka!