Pourquoi les gardes hautes ?
En Scrimicie, nous favorisons toujours des postures de garde et d’attaques hautes. Plusieurs maîtres d’armes en parlent, que des postures plus basses sont souvent en désavantage face à des postures plus hautes, mais ce principe n’est pas forcément appliqué par les artistes martiaux recréant les techniques de ces différents précurseurs.
Est-ce que c’est une mauvaise compréhension de ces techniques? Un angle mort dans notre pratique moderne en Scrimicie? Un angle mort dans celle de nos ancêtres? Probablement un mélange de toutes ces réponses.
C’est difficile à dire puisque heureusement le combat à l’épée n’est plus une réalité autrement que dans notre passion commune.
En Scrimicie, nous avons fait le pari des gardes hautes pour deux raisons:
La géométrie:
Biomécaniquement, notre portée optimale se trouve à la hauteur de nos épaules. À bras tendus, nous avons plus de portée que si nos bras sont trop hauts, ou trop bas. Nos gardes vont donc viser en général à être à la hauteur de nos épaules (garde en fusil, ou même la garde extérieure lorsqu’elle est bien faite).
Ces gardes vont donc optimiser notre propre portée en armant un coup à partir de cette hauteur, mais aussi être plus proche des cibles dans le haut du corps qui sont les cibles les plus accessibles à la portée de l’adversaire.
Lorsqu’un combattant adverse combat avec des gardes plus basses, il risque plus d’attaquer des cibles hors portée, ce qui fait qu’un combattant appliquant sa garde en hauteur correctement, peut simplement gérer sa distance, esquiver les coups bas et remettre en hauteur avec ses coups, donc se rendre pendant que l’autre se rend.
Les conséquences:
Cela veut dire aussi que les conséquences du duel sont différentes. Frapper plus bas va souvent exposer le haut du corps, donc la garde plus haute va donner un accès optimisé à des cibles comme la tête ou la gorge, pendant que l’adversaire va toucher des cibles plus basses, s’il s’y rend.
Cela veut aussi dire qu’en théorie, à comportement égal (les deux combattants attaquent en même temps), le combattant attaquant bas est certain d’être touché, pendant que le combattant attaquant haut pourrait ne pas être touché.
Le meilleur scénario d’un combattant attaquant bas est donc une double-veuve, pendant que le pire est qu’il attaque sans rien toucher et qu’il soit touché en retour, donc qu’il perde.
En conclusion:
Rien n’est tout blanc ou tout noir. De bonnes feintes, de bons contrôles, une bonne menace, peuvent permettre bien des assauts fonctionnels par dessous. Nos élèves, entraînés entre eux, vont être moins expérimentés à faire face à de tels choix qu’on juge irrationnels en Scrimicie. Ils seront souvent surpris dans leurs premiers combats et désarmés face à cela (mais nous compensons de plus en plus via des modules de matière adressant ces enjeux).
De plus, face à nos gardes plus hautes, les mains sont souvent exposées donc un adversaire avec une garde basse pourrait attaquer les mains par en-dessous pour ouvrir un chemin avant de charger, ce qui sera souvent la stratégie la plus sécuritaire à partir des gardes plus basses.
Un autre élément qui influence notre choix technique, c’est qu’en Scrimicie nous n’aimons pas prendre pour acquis qu’un adversaire est vaincu et incapable de combattre après la touche initiale. Nous considérons donc face à la menace d’une touche de retour que frapper sous l’arme de l’adversaire est une invitation à être frappé dans le haut du corps et d’aller tous les deux rejoindre les rangs des vaincus.
Il est bien entendu évident que certains coups dans les mains pourraient immédiatement désarmer un combattant. Comme nous ne pouvons jamais être certain lors de la pratique, nous préférons que les attaquants fassent des choix plus sécuritaires, quitte à parfois se priver d’assauts qui pourraient raisonnablement marcher dans un véritable duel.